En quoi consiste l’initiative et où est-elle mise en place (par exemple dans quelle ville ou quel pays) ?
Le gouvernement du Bangladesh a mis en place une initiative d’apprentissage à distance à modes multiples basée sur l’analyse des fermetures d’écoles et de l’égalité entre les sexes (GSCA) pour combler la division numérique et renforcer l’apprentissage à distance au Bangladesh.
Comment l’initiative a-t-elle vu le jour ? Comment a-t-elle été mise en place ?
La recherche GSCA sur les dimensions liées au sexe et au niveau d’instruction de la crise sanitaire mondiale a privilégié les situations économiques des ménages et des enfants au travail formel et informel, des entreprises familiales, du travail agricole et de l’emploi formel. L’étude a montré que les filles et les garçons de zones rurales pauvres ont plus de chances de travailler. De plus, on suppose que les filles assument le travail domestique et donc interrompent leurs cours en ligne et abandonnent l’école. Par ailleurs dans les zones rurales éloignées, les filles ne possèdent souvent pas de téléphone à elles qui leur permettrait de participer régulièrement à des activités d’apprentissage, elles empruntent des téléphones pour des durées limitées à des membres plus âgés de la famille et ne sont donc pas en mesure d’apprendre de manière autonome.
Le gouvernement du Bangladesh est intervenu avec un mode d’apprentissage hybride low-tech et high-tech destiné aux apprenants des écoles primaire et secondaire.
Des cours télévisés de niveau primaire et secondaire enregistrés pour les classes 6 à 10 et des cours synchronisés diffusés par la radio communautaire figurent parmi les modalités choisies pour permettre un large accès à l’apprentissage à distance aux communautés urbaines et rurales isolées.
Quelles sont les parties prenantes à la conception et/ou la mise en place de l’initiative ? Quels secteurs représentent-elles ?
En plus des initiatives gouvernementales mises en œuvre avec l’aide de la chaîne nationale Sangsad Bangladesh, de plusieurs canaux YouTube et des émissions de radio communautaires, les enseignants donnent chaque semaine des devoirs aux apprenants, à rendre personnellement ou en ligne.
Quels sont les impacts de l’initiative pour faciliter l’apprentissage tout au long de la vie ? À qui profite-t-elle et de quelle manière ?
Les impacts de l’initiative ont été évalués par Gender and School Closures Analysis (GSCA) sur la base de données qualitatives et quantitatives obtenues par une étude longitudinale des filles participant au projet en cours « Keeping Girls in Schools to Reduce Child Marriage in Rural Bangladesh ».
La grande majorité de ces filles a rapporté apprendre sous la surveillance de membres de leurs familles qui compensaient le soutien institutionnel insuffisant.
Les cours télévisés se sont avérés les modes d’apprentissage à distance les plus accessibles, même si à peine la moitié seulement des apprenants interrogés a déclaré avoir la télévision à la maison. L’étude a également fait état d’une faible participation à ces cours.
Le mode d’apprentissage le moins facile à évaluer était l’apprentissage par ordinateur ou smartphone. Or, si la grande majorité des personnes interrogées a déclaré avoir un téléphone mobile, seul moins d’un tiers possédait un smartphone. Les filles pouvaient parfois utiliser les téléphones des membres de la famille, mais ils n’étaient pas toujours disponibles.
Malgré l’interdiction du soutien scolaire privé au Bangladesh, de nombreux parents et enseignants interrogés dans le cadre de l’étude GSCA le considéraient comme le seul moyen réalisable de poursuivre son apprentissage en raison des limites des autres modes d’apprentissage. Mais les cours privés étaient hors de portée pour les enfants de nombreux foyers ruraux isolés.
Les résultats de l’étude ont souligné à quel point les crises sanitaires et économiques mondiales creusent les inégalités existantes et la fracture numérique.
Références
UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture). 2021. When schools shut. Gendered impacts of COVID-19 school closures. Paris, UNESCO.