En quoi consiste l’initiative et où est-elle mise en place (par exemple dans quelle ville ou quel pays) ?
L’association Spirit of Youth (SOY) est une organisation non-gouvernementale égyptienne fondée en 2004. Elle est basée à Manshiyet Nasser, l’un des plus grands districts communautaires zabbalines (collecteur d’ordures) du Caire. L’ONG met en place des projets éducatifs pour autonomiser les jeunes membres de la communauté dont l’un des plus importants, l’École du recyclage pour les garçons, est situé à Mokkatam et encourage la coopération entre le système de recyclage des zabbalines et les multinationales, pour une efficacité maximale de la collecte et du recyclage des ordures. Les autres objectifs du projet sont la diminution de la pauvreté et de la marginalisation dont la communauté zabbaline fait l’objet, l’amélioration des conditions sanitaires et de la qualité de vie en général. Il comprend des cours d’alphabétisation qui aident les participants à apprendre leurs droits et leurs devoirs pour former une génération responsable et autonome.
Le programme met en place des projets consacrés à l’activité commerciale et à la création de revenus qui privilégient les aspects environnementaux et éducatifs :
- améliorer l’environnement grâce au tri des déchets ;
- renforcer le projet et l’étendre à d’autres districts et d’autres villes ;
- développer l’association ;
- améliorer les services médicaux dans les communautés marginalisées ;
- intégrer les zabbalines au secteur formel de la gestion des déchets (UIL, 2015).
Comment l’initiative a-t-elle vu le jour ? Comment a-t-elle été mise en place ?
Le programme répond avec souplesse aux besoins des jeunes garçons de la communauté zabbaline. Les horaires sont variables et un nombre minimal d’heures doit être effectué pour chaque cours. De même, la durée des cours est adaptée aux besoins et aux capacités des apprenants. Ils sont divisés en trois groupes selon leur niveau d’alphabétisation. Les cours sont dispensés dans les écoles dont les élèves ont accès aux équipements, notamment la salle informatique. Le cursus est essentiellement consacré au recyclage du plastique produit par les multinationales. La collecte et le recyclage des déchets en plastique sont associés à l’enseignement primaire, à la protection de l’environnement et à la sécurité au travail. Le programme est achevé en deux à cinq ans. Après avoir obtenu leur diplôme, les apprenants reçoivent le certificat national d’alphabétisation qui leur permet de poursuivre leur formation dans le premier cycle du secondaire.
Le programme privilégie l’apprentissage par la pratique et traite pour cela des situations réelles de la vie quotidienne, familières des apprenants. Il leur donne des compétences plus approfondies en maths, sciences, musique, peinture, hygiène corporelle et environnementale, recyclage, utilisation des logiciels de bureautique et de Google Maps, informatique, il enseigne aussi les principes de la gestion de projet, la comptabilité, l’art et le théâtre.
Le cursus est élaboré par des spécialistes de l’éducation selon une approche unique spécialement conçue pour la communauté à laquelle il est destiné. Le matériel utilisé en maths et en sciences est basé sur la méthode Montessori. Il est complété par des livres et notebooks, des ordinateurs, des instruments de musique et du matériel d’arts plastiques, une déchiqueteuse de plastique et du matériel de sécurité.
Les facilitateurs sont généralement des membres de la communauté. Ils reçoivent un salaire modeste et travaillent sur place dans l’école. Les enseignants doivent posséder au moins un niveau de second cycle du secondaire, ainsi qu’une forte motivation et la passion de l’enseignement. Ils sont recrutés par annonces, la formation initiale et les ateliers et séances mensuels et hebdomadaires qui suivent sont dispensés pendant le travail pour garantir l’évolution professionnelle continue des enseignants. Le directeur de l’école et les élèves font part de leurs réactions aux enseignants. Les apprenants doivent passer un examen en alphabétisation à la fin du programme (UIL, 2015).
Quelles sont les parties prenantes à la conception et/ou la mise en place de l’initiative ? Quels secteurs représentent-elles ?
Les parties prenantes représentent à la fois le secteur public et le secteur privé. Les principaux acteurs de la conception et de la mise en œuvre du programme sont le conseil en développement communautaire et institutionnel, la fondation Hands Along the Nile et la fondation African Star, le bureau de l’UNESCO au Caire, l’association Spirit of Youth (SOY) et d’autres organisations non-gouvernementales. Procter and Gamble et la fondation Bill Gates (depuis 2010) apportent une aide financière. Les écoles, les enseignants et les facilitateurs, les formateurs et les membres de la communauté zabbaline sont également des acteurs essentiels (UIL, 2015).
Quels sont les impacts de l’initiative pour faciliter l’apprentissage tout au long de la vie ? À qui profite-t-elle et de quelle manière ?
L’initiative a obtenu des résultats tangibles et a donné lieu à des succès personnels. En 2015, l’école comptait 130 diplômés de 9 à 17 ans. Parmi eux, 50 ont continué dans le premier cycle du secondaire et 20 dans le second cycle, dont 4 sont diplômés. Le programme a aussi profité aux parents des jeunes garçons, dont 129 ont reçu un certificat d’alphabétisation. L’école est aujourd’hui devenue un modèle pour une autre initiative dans la région de Helwan.
Certains élèves étaient les premiers de leurs familles à apprendre à lire et à écrire ; certains ont décidé de continuer à s’instruire. Après avoir obtenu le certificat d’alphabétisation, quelques-uns ont poursuivi leur scolarité à domicile, se sont inscrits à l’école secondaire et ont commencé à travailler comme formateurs après leur diplôme. Ils ont aussi fait preuve d’initiative pour aider leur communauté, en créant notamment des entreprises de collecte d’ordures et de recyclage.
L’un des élèves, Adham Al Sharkawy, est parti aux USA où il a participé au film Garbage Dreams et a pris pour cela des cours intensifs d’anglais, ce qui lui a permis d’assister à un forum sur le recyclage en Grande-Bretagne à son retour. Après avoir acquis de nombreuses autres qualifications et avoir été formateur à l’école, il dirige aujourd’hui une entreprise de recyclage.
Malgré son impact positif, l’initiative est confrontée à plusieurs défis. La lourde charge de travail freine la progression des apprenants malgré la grande souplesse du programme et les multiples adaptations faites par les éducateurs. D’autres difficultés concernent le financement et l’accompagnement des élèves après leur départ pour s’assurer qu’ils mettent leurs connaissances en pratique et génèrent un revenu (UIL, 2015).
Références
UIL (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie). 2015. Apprendre et entreprendre à Garbage City, Égypte. [En ligne] Hambourg, UIL. Disponible à : https://uil.unesco.org/fr/etude-de-cas/effective-practices-database-litbase-0/apprendre-entreprendre-garbage-city-egypte [Consulté le 4 novembre 2021].