En quoi consiste l’initiative et où est-elle mise en place (par exemple dans quelle ville ou quel pays) ?
Le programme d’alphabétisation à l’usine fait partie du Programme de développement éducatif et social des ouvriers du textile pour accroître les compétences en alphabétisation et numératie des ouvrières au Cambodge. Le programme comprend deux phases, la première a duré de 2015 à 2018 et la deuxième est encore en cours (2008-2021).
La campagne nationale d’alphabétisation de 2015 a précédé la collaboration du ministère cambodgien de l’éducation, de la jeunesse et des sports (MoEYS) avec le bureau de l’UNESCO de Phnom Penh, à l’origine du programme d’alphabétisation à l’usine. Un rapport de 2013 du ministère de la planification sur les femmes et la migration au Cambodge avait en effet révélé que 14 pour cent des femmes qui travaillaient dans l’industrie vestimentaire étaient analphabètes et 30 peu alphabétisées.
L’initiative donne plus d’autonomie aux jeunes ouvrières en les dotant de compétences de base en alphabétisation et numératie et en les sensibilisant à leurs droits. Elle encourage aussi les partenariats public-privé. Les usines textiles installent dans des salles de formation et de stockage des bibliothèques et des centres de ressources où ont lieu des cours d’alphabétisation pour les ouvriers, où sont discutées les questions sociales et qui fournissent du matériel d’apprentissage. Ellesls offrent un espace pour organiser des ateliers et des formations et permettent un apprentissage indépendant qui débouchera plus tard sur une amélioration des conditions de travail.
Comment l’initiative a-t-elle vu le jour ? Comment a-t-elle été mise en place ?
Les cours d’alphabétisation se sont déroulés en trois sessions de cinq ou six mois chacune dont la première comptait huit cours d’alphabétisation dans six usines. La deuxième ne comptait plus que 7 cours dans 7 usines, contre 19 usines pour la troisième session. Les cours avaient lieu dans les centres de ressources et bibliothèques créés dans les usines.
Il convient de noter que les cours d’alphabétisation ont été dispensés par des employés de l’usine spécialement formés. Deux ont été sélectionnés dans chaque usine et ont reçu une formation pour animer les processus d’apprentissage. Ils devaient avoir au moins un niveau d’instruction secondaire pour postuler.
Les cours durent 50 minutes et les animateurs associent différentes approches et méthodologies. S’ils prennent le temps d’une approche descendante pour expliquer le matériel utilisé, la plus grande partie du cours est réservée à l’apprentissage interactif, des activités coopératives telles que jeux de rôles et des aides à l’apprentissage comme l’appli d’alphabétisation avec laquelle les apprenants peuvent mettre en pratique les nouvelles compétences acquises.
Quelles sont les parties prenantes à la conception et/ou la mise en place de l’initiative ? Quels secteurs représentent-elles ?
Le Programme de développement éducatif et social des ouvriers du textile est une initiative aux multiples parties prenantes qui comprennent des représentants du secteur privé et du secteur public. Le gouvernement cambodgien est représenté par le ministère de l’éducation, de la jeunesse et des sports (MoEYS) et le ministère de la planification, des femmes et de la migration, ainsi que d’autres administrations. Les partenaires du MoEYS sont, outre l’UNESCO, plusieurs organisations non-gouvernementales comme Sipar et Cambodian Women for Peace and Development. L’initiative a reçu le soutien de l’Agence française de développement (AFD), de la fondation Weave Our Future et de l’UNESCO, ainsi qu’un financement conséquent du Programme de développement des capacités pour l’éducation de l’UNESCO (CapED) et du fonds Malala pour le droit des filles à l’éducation. L’Association de l’industrie textile et de l’habillement du Cambodge (GMAC) prend aussi une part active à l’initiative en mettant des locaux et des ressources à disposition des cours d’alphabétisation. Les bénévoles qui font les cours et les ouvriers qui y participent sont aussi des acteurs essentiels du projet.
Quels sont les impacts de l’initiative pour faciliter l’apprentissage tout au long de la vie ? À qui profite-t-elle et de quelle manière ?
Pendant la première session, six usines ont participé à l’initiative. Seuls 40 des 136 ouvriers inscrits aux cours d’alphabétisation n’ont pas terminé. La deuxième session a été achevée par 101 apprenants sur 165 inscrits. Aujourd’hui, 588 ouvriers sont inscrits dans 28 cours et 449 d’entre eux s’engagent activement dans le processus d’apprentissage. Douze usines ont ouvert des bibliothèques et centres de ressources, tandis que 11 ont désormais un coin lecture.
Le programme a eu un certain impact sur l’apprentissage tout au long de la vie au Cambodge. Des évaluations ont révélé que les niveaux d’alphabétisation des ouvriers qui ont participé ont augmenté. L’immense majorité des participants à la première session (83 pour cent) s’est déclarée intéressée par d’autres programmes d’alphabétisation pour continuer d’enrichir leurs compétences. Les progrès en alphabétisation des ouvriers ont eu des répercussions positives sur leur vie quotidienne.
Le programme prévoit de s’agrandir mais certaines difficultés doivent être prises en compte, notamment le besoin d’améliorer les cursus et les supports d’apprentissage, ainsi que la faible motivation des ouvriers et le fort mécontentement de la direction car les cours ont lieu pendant les heures de travail.
Références
UIL. 2018. Educational and Social Development of Garment Factory Workers, Cambodia. [En ligne] Hambourg, UIL. Disponible à : https://uil.unesco.org/case-study/effective-practices-database-litbase-0/educational-and-social-development-garment-0 [Consulté le 11 décembre 2021].