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Université du troisième âge à La Valette (L’Universita Tat-Tielet Eta – U3E), Malte

Soumis par uil_admin le ven 17/12/2021 - 11:07

En quoi consiste l’initiative et où est-elle mise en place (par exemple dans quelle ville ou quel pays) ?

La première université du troisième âge est apparue en France pendant la deuxième moitié du vingtième siècle, après qu’une nouvelle législation a transféré aux universités la responsabilité de promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie. L’initiative a bénéficié d’une reconnaissance internationale et des U3A ont ouvert dans plus de 60 pays sur tous les continents. Le public-cible en est composé de membres du troisième âge, qui désigne généralement les plus de 60 ans, mais certaines universités proposent aussi leur programme dès 50 ans.

Malte a créé son université du troisième âge à La Valette (L’Universita Tat-Tielet Eta – U3E) relativement tard, en 1993. Elle propose une grande variété de cours qui répondent aux besoins des apprenants âgés. Contrairement à de nombreuses autres initiatives en matière d’apprentissage tout au long de la vie, l’U3E n’a pas pour objectif de fournir des références aux participants, ni de promouvoir le confort matériel. Elle défend plutôt le développement personnel et cognitif par l’apprentissage pour l’apprentissage et dispense des connaissances qui n’ont pas forcément besoin d’être utilisées (Formosa, 2000 ; University of Malta, n.d).

Comment l’initiative a-t-elle vu le jour ? Comment a-t-elle été mise en place ?

L’U3E a été créée par l’institut de gérontologie de l’université de Malte. Le programme a d’emblée été lancé à son échelle réelle sans phase-pilote. Il a été développé par des universitaires et des fonctionnaires gouvernementaux qui travaillent sur la question du vieillissement.

Deux comités ont été mis en place pour diriger l’U3E. L’université de Malte choisit un comité responsable des questions universitaires, notamment les plans d’apprentissage et les formateurs, qui comprend un représentant des apprenants, tandis que les questions sociales relèvent d’un autre comité, une association qui comprend des membres de l’U3E élus démocratiquement.

Les cours proposés par l’U3E vont de la philosophie au jardinage, mais pas d’activités artisanales ou autres hobbys, car le comité responsable de la planification des apprentissages est d’avis que les activités pratiques sont disponibles dans les centres d’accueil pour seniors et que les cours de l’U3A doivent être ouverts aux seuls participants titulaires d’un niveau secondaire ou plus et désireux d’apprendre.

Les cours sont pour la plupart des conférences et les apprenants n’ont que des possibilités d’interaction très limitées : ils peuvent soumettre leurs réactions et faire des suggestions, mais le contenu des programmes est fixé par l’institution et les participants ne sont autorisés à exercer aucun contrôle. Le conseil d’administration de l’institut de gérontologie peut tenir compte des suggestions des participants pour les nouveaux cours mais c’est à lui que revient la décision finale. Tous les membres sont encouragés à participer aux activités proposées (Formosa, 2000).

Quelles sont les parties prenantes à la conception et/ou la mise en place de l’initiative ? Quels secteurs représentent-elles ?

Les principales parties prenantes de l’initiative sont l’université de Malte et son institut de gérontologie. Les autres parties prenantes comprennent le personnel universitaire et les membres du programme. Les tuteurs de l’U3E ne peuvent pas être en même temps membres ; ils sont généralement embauchés par l’université pour enseigner à temps partiel ou à temps complet et sont encouragés à participer par le comité universitaire, ils sont payés au tarif universitaire.

Les membres de l’U3E sont des Maltais âgés de 60 ans et plus, même si aucune limite d’âge n’est officiellement imposée. La majorité est issue de la classe moyenne (Formosa, 2000).

Quels sont les impacts de l’initiative pour faciliter l’apprentissage tout au long de la vie ? À qui profite-t-elle et de quelle manière ?

L’initiative vise directement la diffusion de l’éducation auprès des seniors, mais son impact est limité pour faciliter l’apprentissage tout au long de la vie. Au sein de l’U3E en effet, l’éducation est présentée comme une activité de loisir, et même un luxe. Le programme est surtout consacré au développement individuel, mais les connaissances acquises ne peuvent pas réellement être utilisées. L’idéologie et les valeurs défendues à l’U3E reflètent les goûts des représentants de la classe moyenne au niveau d’éducation secondaire ou plus. L’initiative ne profite pas aux groupes marginalisés de la société et ne donne pas aux apprenants la possibilité de participer activement aux processus de décision à l’université ; l’interaction limitée et la forme d’apprentissage qui privilégie les conférences didactiques, ainsi que l’absence de diplôme et d’apprentissage actif ne donnent pas aux citoyens âgés l’opportunité de se réintégrer dans la société (Formosa, 2000). Il convient de noter cependant qu’un nombre significatif de participants profite du programme en tant que membres de l’U3E et que tuteurs. En effet, s’engager dans des activités d’apprentissage donne un nouveau sens du devoir et certains participants retraités reprennent une activité à temps partiel, se lancent dans de nouvelles activités et développent un intérêt pour la lecture. (Formosa, 2014)

Références

Formosa, M., 2000. Older Adult Education in a Maltese University of the Third Age: a critical perspective. Education and Ageing, 15(3), pp. 315–339. [PDF] Disponible à : https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.471.5963&rep=rep1&type=pdf Consulté le 30 juillet 2021.

Formosa, M., 2014. Four decades of Universities of the Third Age: past, present, future. Ageing and Society, 34(1), pp. 42–66.

University of Malta, n.d. U3A Movement. Disponible [en ligne] à : www.um.edu.mt/services/u3a/u3amovement [Consulté le 1er juin 2021].

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